DMF et le handicap scolaire, une clé pour comprendre
Connaissez vous réellement la dyspraxie, dyslexie, dyscalculie, dysgraphie... ? Si vous n'êtes pas concerné, probablement pas. Si, par contre, vous êtes enseignant et quelque soit l'âge de vos élèves (enfants comme adultes) il est essentiel que vous compreniez les difficultés auxquels ces élèves en situation de handicap scolaire sont confrontés.
Il y a quelques temps, j'ai contacté l'association DMF31 (Dyspraxique Mais Fantastique Haute Garonne) pour leur demander de participer à une journée-atelier. Cette journée, très instructive, permet aux adultes (parents, enseignants, AVS, ATSEM, éducateurs ou rééducateurs...) de se mettre dans la peau d'un enfant "dys" et comprendre le handicap scolaire. Pourquoi participer à cette journée-atelier ? Mon souhait était de pouvoir vous raconter l'expérience dans ce blog et faire découvrir son utilité auprès des adultes qui côtoient les enfants atteints de handicaps scolaires, appelés également troubles de l'apprentissage.
Beaucoup d'associations gravitent autour du domaine de la scolarité. Je mets en avant aujourd'hui l'association DMF31 car je l'ai vu fonctionner à plusieurs occasions. Cette association, très active sur le terrain, est à l'initiative de nombreuses actions. Les bénévoles (des mamans d'enfants dys qui ont galéré avant les autres, et qui maîtrisent sacrément bien le sujet) sont très investies, autant dans l'accompagnement des familles (soutien dans les démarches administratives avec la MDPH, organisation de journées de loisirs pour les enfants,...) que dans une volonté politique de faire reconnaître les droits des dys.
L’association DMF se donne pour objectifs de :
rassembler, informer et aider toutes les familles touchées par la dyspraxie,
inciter les médecins, les psychologues, les pédagogues à s’interroger sur ces enfants "déroutants", afin que nos enfants soient diagnostiqués de manière précoce, soient pris en charge de manière adaptée et suivent un cursus scolaire normal,
alerter les pouvoirs public afin que la dyspraxie soit reconnue comme un handicap à part entière avec ses spécificités,
que s'en suive la formation de rééducateurs spécialisés (orthoptistes, ergothérapeutes, psychomotriciens. orthophonistes; psychologues…),
et la création de classes adaptées ou de tout autre dispositif permettant de garantir aux enfants dyspraxiques une scolarité normale et une formation professionnelle qui leur permettent d’accéder à l’autonomie à laquelle ils peuvent prétendre de plein droit
Suite à mon appel, DMF31 a donc enregistré ma demande d'inscription pour la journée-atelier "dans la peau d'un enfant dys" qui n'est pas une journée de détente au parc d'attractions (dommage, cela m'aurait tenté aussi !) mais une formation pratique aux troubles des apprentissages. Au premier abord, cela peut paraître lourd et rébarbatif. Et bien, détrompez-vous !
Le temps d'une journée de classe, j'ai donc enfilé ma veste d'écolière pour reprendre les bancs d'une école pas comme les autres. Et ce fut riche d'enseignements !
Nous étions une soixantaine de participants (à vrai dire, une immense majorité de femmes), comptant essentiellement des parents d'élèves, des spécialistes (orthophonistes, psychomotriciennes, rééducateurs...) et quelques enseignantes. Une dizaine de bénévoles de l'association DMF31 et DMF11 nous ont réservé un accueil matinal chaleureux : café, thé et petites douceurs pour le palais...
Après une présentation de l'association et des antennes locales, la Présidente Marjorie Buscato explique ce qu'est la dyspraxie : ce sont des anomalies de la planification et de l'automatisation de gestes volontaires comme par exemple attraper une bouteille, nous pouvons le faire quasiment les yeux fermés, un enfant dys, lui ne possède pas les outils visuels et sensitifs qui vont lui permettre d'analyser tous ces éléments. Il a besoin de temps, son geste doit être pensé pour être exécuté et nécessitera toujours un contrôle volontaire extrêmement fatiguant comme attacher ses lacets, faire du vélo, l'écriture, etc.... Ce que l'on sait moins, c'est qu'un enfant dys bien accompagné est un excellent élève.
Je ne rentrerai pas ici dans une explication plus détaillée de la dyspraxie. Il est vrai que chaque enfant dys présente un trouble différent des autres, il n'est donc pas aisé de déterminer le handicap. Je détaillerai les explications dans mon article sur la conférence du Docteur Alain Pouhet, spécialiste des troubles de l'apprentissage.
Marjorie Buscato, précise : «Chaque année nous répondons aux problématiques de 100 à 150 familles qui sont en très grandes difficultés et aussi nous aidons de plus en plus les enseignants parfois désemparés dans l'approche et la compréhension des problèmes rencontrés.»
Aider à la prise en compte de la dyspraxie, c'est aussi le but de cette journée-atelier. Et faire prendre conscience de la difficulté de la double tâche pour tous les élèves dys. Et l'entrée en matière est intéressante. Un premier film expérimental est projeté afin de tester nos qualités de concentration et de perception. Les règles du jeu sont simples :
Dans ce film de quelques 35 secondes, deux équipes de trois joueurs se font des passes de basket, une équipe en noir et une équipe en blanc.
Chaque groupe a un ballon de basket et ne l’échange pas avec l’autre groupe.
Ces personnes sont mélangées et bougent beaucoup en se faisant les passes.
Il vous faut compter le nombre de passes que fait l’équipe en blanc avec le ballon : - une passe directe d’un blanc à un autre blanc compte pour un ; - un rebond sur le sol du ballon sans passe compte pour un ; - une passe d’un blanc à un autre blanc avec rebond sur le sol compte pour un.
Soyez vigilant, le film démarre vite et les passes s’accélèrent !
Mieux vaut faire ce test seul ou à deux maximum et dans un endroit calme afin d’être sûr de ne pas être dérangé.
Sans vouloir vous mettre la pression, sachez que 50% des gens échouent à ce test ! Dernière chose, ne regardez le film qu’une seule fois... Alors, combien avez-vous trouvé de passes ?----> Voir la vidéo [*] Intéressant comme exercice, non ?
La journée a été une succession d'exercices pratiques divers nous plongeant dans les affres d'une journée quotidienne d'un élève dys. Et la prise de conscience est réelle. Les exercices sont épuisants à appliquer. La journée est éreintante et instructive. Nous même, adultes, avons eu du mal à suivre une simple journée. Les élèves dys sont, quant à eux, confrontés à cet effort permanent 4 à 5 jours par semaine, durant toute leur scolarité. Pour information, si le langage n'est pas acquis correctement à 3 ans, il faut faire surveiller l'enfant. A 5 ans, si le problème n'est pas réglé, il faut lui faire passer les tests pour vérifier s'il n'est pas concerné par les troubles de l'apprentissage.
Cette décision peut paraître anodine pour certains d'entre vous, mais je vous assure qu'elle ne l'est pas. Et je parle en connaissance de cause.
Ma fille, détectée dyspraxique en classe de seconde, a beaucoup souffert pendant toute sa scolarité, son handicap n'était pas perceptible. Aucun problème dans sa gestuelle ou son langage. Elle a toujours été très forte à l'oral. Mais l'anomalie se présente, chez elle, dans une complexité à retranscrire à l'écrit tout ce qu'elle comprend très bien à l'oral. Très vite ses notes ont chuté sans que l'on ne comprenne pourquoi ! Elle est très rapidement passé pour une fainéante auprès des enseignants, et nous avons fait l'erreur de croire ce qu'ils disaient ! Ne faites pas la même erreur ! Si votre enfant a des difficultés scolaires, rencontrez les spécialistes (orthophonistes, psychomotriciens,... ou bénévoles des associations liées aux troubles des apprentissages).
S'entendre dire que son enfant est handicapé est extrêmement violent, et personne n'y est préparé. Je suis bien placée pour le savoir. Toutefois, mettre un mot sur son handicap et une explication sur ses difficultés a été pour notre fille un véritable pansement. Après plusieurs années d'incompréhensions, on venait de lui apporter la preuve qu'elle n'était pas responsable de ses mauvais résultats. Qu'elle n'était pas une fainéante !
Alors que vous soyez parent(s) ou enseignant(e), si vous avez dans votre entourage un enfant qui présente des troubles de l'apprentissage, n'attendez plus, suggérez un rendez-vous avec un spécialiste, et inscrivez vous, dans votre région, à la journée-atelier proposée par DMF (Dyspraxique Mais Fantastique), Fédération nationale, présente dans plusieurs régions de France. Ainsi, vous comprendrez mieux cet enfant et vous pourrez réellement l'aider. Il en a besoin.
lien vers le site de la Fédération : http://dyspraxie.info/